2010-2012
Installation vidéo robotique.
Métaux et plastique divers, image projetée sur écran
300 x 185 cm. Dimensions de la structure variables.
Impressionnante métaphore des jeux de contrainte et de liberté qui règlent toute organisation sociale, cette installation vidéo robotique en mouvement est une création qui échappe aux catégories des oeuvres d’art habituelles. Si on veut la rapprocher d'une œuvre existante, c'est l'impressionnant Flying Steamroller de Chris Burden qui vient le plus spontanément à l'esprit.
Le Cercle est un appareillage spectaculaire qui met physiquement l’écran en mouvement, le fait se déplacer en synchronisation avec l’image qu’il porte. Ce sont alors nos capacités sensorielles et cognitives qui nous donnent l’illusion que l’artifice est réalité, que le taureau fonce vraiment sur nous.
L’imposant dispositif, fixé au centre de l’espace qui lui est dévolu, se déplace de manière circulaire mais cependant aléatoire.
Le taureau en mouvement vu sur l’écran est la somme de plus de 200 films de quelques dizaines de secondes, tous redessinés pour avoir plusieurs successions possibles. Un ordinateur gère la succession de ces films, dans une autonomie impactée par le travail d’une batterie de détecteurs. L’animal vit ainsi selon son propre comportement. Il est contraint de s’adapter à la géométrie de la machine et réagit de façon imprévisible à la présence des spectateurs. Le dispositif technologique maîtrise l’animal, l’asservit tout en se mettant au service de son image. Le taureau devient un personnage fictionnel, doté d’une vie, d’un comportement complexe, qui nous regarde et nous ressent à la mesure de notre voyeurisme. Le cercle nous dit l’enfermement, souligne la dimension close et circulaire de nombre d’existences contemporaines. Pascal Bauer endosse ici l’habit d’un montreur d’ours. Comme derrière les grilles d’un zoo, le spectateur peut jouir d’une mise en danger fictive : la bête ne l’atteindra pas. Le taureau ne s’échappera pas. Il continuera, infatigable, à courir dans les limites de l’écran où il prend forme. La machine continuera de même, tout aussi infatigablement, sa course circulaire, saccadée, arrêtée puis reprise. Entravant la bête tout autant qu’elle permet son existence – virtuelle – la machine nous renvoie à notre perception de la réalité faite de strates et de projections imaginaires : machine animalisé ? animal anthropologisé ? animal mécanisé ? A chaque fragment de cercle parcouru, difficile de se décider quant à savoir si c’est le taureau ou la machine qui (re)vient à la rencontre du spectateur…
Morgan Labar
Site officiel de Pascal Bauer : http://pascal.bauer.free.fr
Vu au musée d'art et d'histoire - 22 bis, Rue Gabriel Péri, 93200 Saint Denis