Découpes montagneuses

Morgane Porcheron
  • Découpes montagneuses, 2025 ©Morgane Porcheron
  • Découpes montagneuses, 2025 ©Morgane Porcheron
  • Découpes montagneuses, 2025 ©Morgane Porcheron

"Découpes montagneuses", 2025. Acier corten, paillage en chanvre, terreau local et sedums, 

170 x 260 x 35 cm, 230 x 190 x 35 cm et 190 x 200 x 35.

 

Située sur un terrain à la fois plat et vallonné, Découpes montagneuses propose des jeux de perspectives qui cadrent l’environnement telle une fenêtre ouverte. « Cette œuvre in situ reprend l'idée d'une topographie de montagne, celle de la montagne de Reims et de ses environs vallonnés. Je me suis inspirée de dessins réalisés à main levée sur des feuilles de papier, restituant les sensations que j'ai eues après avoir visité ce lieu», précise l’artiste. À l’apparence d’arches, cette installation est composée de trois ossatures en acier corten sablé, technique favorisant l’oxydation.

« À chaque fois, selon le lieu, j'essaie de trouver les personnes qui peuvent m'aider à réaliser la pièce, mais pas seulement en tant qu'exécutantes, plutôt dans une collaboration » précise Morgane. En effet, une rencontre avec un bénévole de l’école des jardiniers de Reims l’a amenée à trouver la bonne méthode de plantation. Ces structures accueillent des cocons en chanvre et terreau dont l’épaisseur permet de conserver l’humidité pour hydrater les racines des sedums, plantes succulentes dont les caractéristiques sont de pousser dans la rocaille et d’être résistantes à la chaleur. Cette œuvre rappelle la création de murs végétaux désormais ancrés dans nos imaginaires collectifs. Elle pourrait nous donner l’envie d’entreprendre des expériences de jardinage dans des petits espaces. Songeons également à la manière dont les végétaux peuvent se développer dans diverses anfractuosités. Laissons-leur une place tant ils sont nécessaires à notre vie au quotidien et participent au rafraichissement de l’atmosphère.

Découpes montagneuses se perçoit aussi telle une coupe dans le paysage. « Le paysage détermine toujours les formes et les emplacements de mes installations » ajoute-t-elle. Tel un passage, celle-ci impliquerait un déplacement du promeneur qui selon sa position peut la découvrir différemment et cadrer son point de vue.

Tout comme certains travaux de l’artiste, l’œuvre in situ est vouée à se transformer dans le temps : l’acier a commencé à rouiller en quelques semaines et les plantes avaient démarré leur croissance lorsque je suis allée la découvrir. Peut-être vont-elles encore plus prendre de la place, voire recouvrir le support de chanvre qui les contient ? Un agent de la ville est d’ailleurs chargé de l’arrosages. L’artiste me confie son impatience de retrouver son installation pour découvrir ces changements.

Cette installation cristallise à la fois les enjeux de son travail artistique ainsi que sa méthode de création : un processus d’enquête sur le terrain, à la manière de l’herboriste, de l’écologue ou de l’archéologue. Au gré de ses déplacements au quotidien et lors de ses résidences en milieu urbain et rural, Morgane Porcheron voue une attention fine à la végétation spontanée qu’elle rencontre et observe avec humilité. Elle prête particulièrement attention aux plantes qui croissent dans les fissures, dans les recoins et prennent appui sur l’architecture. Ses œuvres associent des matériaux de l’ordre de la construction à des éléments glanés voire vivants : une manière de nous faire prendre conscience des systèmes de bornage, de clôture, de limite et de cadres, face auxquels la végétation spontanée reprend ses droits.

Avec Découpes montagneuses, Morgane Porcheron poursuit ses expériences de créations d’œuvres où le vivant végétal, souvent prélevé à proximité des lieux où elle expose, interagit avec d’autres matériaux qu’ils soient naturels ou artificiels. Construction structurée, réalisée 2019, dans le cadre d’une résidence à Zone sensible à Saint-Denis, est également une création in progress : des fragments d’architecture en terre crue accueillaient du terreau et des graines de fèves. Celles-ci ont rapidement germé et poussé pour faire craqueler la terre crue qui les contenait. Au fil des mois, le tout est tombé au sol. Une relation symbiotique s’est ainsi opérée : le terreau et les pousses se sont mélangés avec le sol agricole. Le cycle naturel de germination a alors engendré la transformation des sculptures initiales. D’autres installations (Strates réhaussées, 2022), nécessitant un soin minimal et pourtant une veille quotidienne, mettent en lumière les espèces bio-indicatrices. En les prélevant de leur environnement, l’artiste nous invite à les regarder de plus près. Quelles traces laissons-nous sur notre passage ? De quelles manières tentons-nous de maîtriser la nature ? Telles sont les questions que nous pouvons nous poser face aux œuvres de Morgane Porcheron. D’ailleurs, celles-ci sont souvent érigées vers le haut : une manière de donner à voir ces espèces aux diverses vertus qu’on n’oublie trop souvent de considérer.

En somme, cette œuvre interroge à la fois nos manières de cadrer le paysage et la nécessité, toujours plus grande, de trouver des solutions pour contenir les plantes dans différents récipients, afin de les adapter à chaque contexte.

Pauline Lisowski

 

 

Vu à

Vign'Art 

Festival d'art en Champagne, Epernay et ses alentours

Sixième édition

Du 16 mai au 21 septembre 2025

https://www.vignart.fr/

https://www.vignart.fr/evenements/vinay-les-padelles/

Point de vue des Padelles, Vinay. Coordonnées GPS : 49.016467, 3.899959. Accès via Waze : https://ul.waze.com/ul?navigate=yes&preview_venue_id=2556394.25563942.40051135Accès via Google Maps : https://maps.app.goo.gl/5snw7bt7nVtwFXfu9

Site de Morgane Porcheron :  www.morganeporcheron.com